Ah, les gros sous, les gros sous !

« Y a-t-il plus belle institution que notre Sainte Mère l’Église ? », qu’il disait le pâtissier de la rue Torquemada devant ses œufs de Pâques et ses bûches de Noël alignées trois pas trois.

« Qu’y a-t-il de plus beau que l’amour, la famille et le travail bien fait ? », qu’il disait le marchand de fleurs de la rue du Pavot, les jours de Saint Valentin, de la fêtes des mères et du premier mai.

Et se retrouver tels deux rois mages
Chacun avec sa galette le jour de l’Épiphanie
A la banque de la rue du Marécage
Et chacun de la déposer sur un compte joli
Et chacun de se faire assaut d’amabilité
Et chacun de complimenter pour sa jovialité
Le banquier austère à l’échine courbée
Et tous les trois en chœur de préconiser
Qu’après les fêtes des pères, des grand-mères et des baudets
On en vienne bientôt à souhaiter
La fête des cousines germaines
Même si elles s’appellent Caroline, Lucienne
Qu’on en vienne bientôt à commémorer
Le jour du mariage du grand-père de Joseph le charpentier
Celui de la naissance de la maman de Jeanne
La pauvre victime de Cauchon le bien nommé
Et moi, j’imagine le Bon Dieu là-haut sur son nuage perché
S’arrachant des cheveux d’avoir oublié de préciser
En publiant son catalogue des grands et petits péchés
Qu’il avait créé l’Univers tout entier
Sauf le dollar, le rouble, l’écu et le denier.