L’enfant noir

Un enfant tout noir sur un continent tout blanc
Tenaillé par la faim, harcelé par les mouches,

Il attend.

Il ne sait pas qu’il est assis sur une planète,
Tout près d’une étoile, aux confins d’une galaxie.
Il se sait pas que ses aïeux ont quitté ce même sol
Pour aller fonder, à pied, à dos d’âne, en bateau
Philadelphie, Moscou et Tokyo
En passant par Harappa, Babylone, Athènes et Jéricho.

Il attend.

Il ne sait pas qu’Hitler et Néron sont ses cousins
Tout comme les Juifs et les Chrétiens
Il ne sait pas un mot d’anglais ou de latin.

Il attend.

Il attend que passent un fiacre, une diligence ou un métro
Il ne sait pas que ceux qui sont partis il y a si longtemps
Vers des congés payés, vers des Noëls tout blancs
L’ont simplement oublié,

Lui,
L’enfant tout noir sur ce continent brûlant.