Nostalgie

Un soir où je n’étais plus moi
Hélas, un putain de bateau
Qui partait d’Ajaccio
Très vite me racola.

Sous les yeux horrifiés du phare
Là, sans un cri se sont noyés
Entre tribord et quai
Six ans de mon histoire.

Aujourd’hui, près du béton gris,
Dans un univers de coquins,
Au milieu des requins,
Je survis, je m’ennuie.

En rangs de plus en plus serrés
Les étés maintenant bouffis
Les hivers amaigris
En hâte se relaient.

Par chance, j’ai quelque part glané,
Afin de gommer ma fredaine,
Pour habiller ma peine,
Une dose d’ubiquité.

Quand les sottes foules m’époumonent
Chevauchant d’un torrent les eaux
Je traverse comme l’écho
La forêt de Ghisone.

Quand m’assaille la mélancolie
Je lui offre de voyager
Pour mieux l’assassiner
Dans les rues de Calvi.

De l’aigle empruntant les ailes
Quand le rêve s’acharne sur moi
Je survole parfois
Les fourches de Bavelle.

La vieille citadelle de Corté
Et même les neiges de Vizzavone
Dans mes bras tourbillonnent
Quand la bière me rend gai.